Contexte et justification
Dans de nombreux pays africains à majorité musulmane, tels que le Sénégal et le Tchad, l’éducation coranique coexiste avec un système éducatif officiel souvent déficient. Ce cadre éducatif est également perçu comme un espace de socialisation pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Les apprenants des écoles coraniques, appelés talibés au Sénégal et mouhadjirines au Tchad, représentent un nombre significatif d’enfants et de jeunes qui n’ont pas un accès suffisant aux services sociaux de base. Bien que le nombre exact de ces enfants ne soit pas connu, il est largement reconnu qu’ils sont pléthoriques. Selon l’ONG Global Solidarity Initiative (2018), il y aurait environ 180 000 talibés à Dakar. De même, le Réseau des associations pour la protection des enfants au Tchad (Reaspet, 2024) estime que les mouhadjirines seraient plus de 10 000 à N’Djamena. Une grande partie de ces enfants et jeunes n’ont pas accès aux services essentiels tels que la santé ou l’assistance alimentaire. Ils sont souvent exclus des politiques nationales et des projets de développement, ce qui les rend plus vulnérables à la mendicité économique, à l’escroquerie, ou à l’enrôlement par des mouvements criminels. Les enjeux liés à cette situation concernent l’intégration scolaire et socioprofessionnelle, ainsi que l’amélioration des conditions de vie, afin de promouvoir une plus grande égalité des chances et de créer un environnement plus protecteur pour ces enfants et jeunes.
Dans ce contexte, le SIF a initié, entre 2020 et 2023, la première phase du projet « Inclusion des talibés au Sénégal et au Mali », communément appelé TAWDE, visant à améliorer de manière holistique l’intégration des enfants et jeunes apprenants des écoles coraniques dans leurs sociétés respectives au Mali et au Sénégal. Cette approche régionale (Mali-Sénégal) a été motivée par les problématiques de protection communes aux deux pays. ...