Entre 2014 et 2018, l’Afrique a connu un sursaut électoral marqué par de fortes mobilisations citoyennes, malgré le maintien de nombreux régimes autoritaires, souvent appuyés sur la force et la répression. Aujourd’hui, le continent souffre encore de l’absence de systèmes politiques véritablement libres, transparents et inclusifs, aggravée par la mauvaise gouvernance, le déficit de légitimité des dirigeants et la fragilité des institutions. En Afrique de l’Ouest, ces dysfonctionnements nourrissent la radicalisation politique et les violences armées, tandis que la société civile et les partis d’opposition disposent de marges d’expression limitées.
Au cours des cinq dernières années, le nombre de régimes autoritaires s’est considérablement accru. Les coups d’État, les violations constitutionnelles et la répression de la société civile illustrent l’ampleur des failles démocratiques : seuls 41 % des régimes présidentiels subsahariens ont connu une alternance démocratique depuis quinze ans. Globalement, on peut distinguer trois blocs : un tiers d’États démocratiques, un tiers dictatoriaux et un tiers hybrides. Pourtant, malgré ce contexte, 68 % des Africains interrogés en 2019 considéraient encore la démocratie comme la meilleure forme de gouvernement.
C’est dans ce contexte que naît, en 2014, Tournons La Page (TLP), à l’initiative de militants de la société civile d’Afrique et d’Europe. Leur objectif : alerter la communauté internationale sur l’absence d’alternance démocratique dans de nombreux pays africains et sur les conséquences de cette confiscation du pouvoir pour la stabilité et le développement du continent. Conçu initialement comme une campagne internationale de durée limitée, TLP s’est progressivement structuré pour devenir un mouvement rassemblant des organisations et des personnalités publiques. Présent dans 11 pays en 2022 (Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Guinée, Niger, RDC, Tchad, Togo), le mouvement s’est étendu en 2023 avec de nouvelles coalitions au Bénin, au Mali, au Malawi et en Ouganda, puis en 2024 avec la création d’une coalition au Sénégal.
TLP repose sur